samedi 26 janvier 2008

Stanco di aver lavorato

Comme promis dans une note précédente, je reviens vous parler de Cesare Pavese. Plutôt que de vous redire ce qui a déjà été suffisamment bien dit ailleurs, je vous ai traduit l'article du wikipedia italien sur le recueil de poèmes Lavorare stanca, c'est ici que ça se trouve. Généralement, je ne contribue pas à wikipédia, sinon pour corriger des fautes ignominieuses croisées lors de la lecture d'un article, pour plein de raisons que l'étiquette de scepticisme recouvre assez bien. Mais cette fois-ci l'article italien était pas mal, et puis, ça permettra peut-être de faire découvrir un bel ouvrage aux français incultes ( on peut toujours rêver... ).
Ce passager sur wikipédia en tant que contributeur/traducteur a aussi été l'occasion d'améliorer et d'achever de créer la boîte ancien français de Wikipedia:Babel. La version précédente évoquait quelqu'un qui avait voulu se faire plaisir avec de l'ancien français, aucun mal à cela ( après tout, j'ai fais pareil en corrigeant ;-) , mais elle n'était pas très correcte du point de vue de la langue. La première occurrence d'« assister » arrivait trop tard dans la langue française pour appartenir au domaine de l'ancien français, et puis surtout, il y a avait la question de « francor ». Avec vavassor (vassal de vassal ) et Chandelor, c'est un des restes du génitif latin en ancien français. Mais ces restes ne font pas long feu, et un terme comme Francor ( « des Francs ») est vite cantonné au genre épique, puis à plus rien du tout ! Typiquement, c'est du style de La Chanson de Roland ( qui est du début de la période de l'ancien français, et où on l'y trouve ).
Mais revenons à Pavese. Les notes précédentes de ce blog vous auront sans doute appris à vous méfier : je vais vous traduire un poème de Lavorare stanca. Comme nombreux sont fort beau, le choix de l'un d'exu n'était pas si évident au départ, alros j'ai finalement opté pour le poème éponyme. Pour au moins deux raisons. La première est que c'est lui qui a fini par me faire lire l'ensemble du recueil, alors que j'avais déjà 36.000 livres sur le feu ; le deuxième est que ce poème porte bien ce sens de la solitude et de l'incommunicabilité qui traverse tout l'ouvrage et en constitue un thème central. Il est possible d'ailleurs que ce ne soit pas que l'ouvrage mais toute l'oeuvre pavésienne que traversent ces thèmes. Je ne serais pas le dire avec certitude, vu que le seul autre ouvrage de Pavese que je connaisse pour le moment est La Bella Estate que je suis encore en train de lire. Du moins dans celui-ci il est clair que ces thèmes sont encore présents et importants ( vous ai-je dis que j'aimais les lectures tristes où les personnages sont malheureux, parce que sinon c'est pas drôle ? ;-)
Et donc, allons-y pour Travailler fatigue ^_^

Lavorare stanca

Traversare una strada per scappare di casa
lo fa solo un ragazzo, ma quest’uomo che gira
tutto il giorno le strade, non è più un ragazzo
e non scappa di casa.

Ci sono d’estate
pomeriggi che fino le piazze son vuote, distese
sotto il sole che sta per calare, e quest’uomo, che giunge
per un viale d’inutili piante, si ferma.
Val la pena esser solo, per essere sempre più solo ?
Solamente girarle, le piazze e le strade
sono vuote. Bisogna fermare una donna
e parlarle e deciderla a vivere insieme.
Altrimenti, uno parla da solo. È per questo che a volte
c’è lo sbronzo notturno che attacca discorsi
e racconta i progetti di tutta la vita.

Non è certo attendendo nella piazza deserta
che s’incontra qualcuno, ma chi gira le strade
si sofferma ogni tanto. Se fossero in due,
anche andando per strada, la casa sarebbe
dove c’è quella donna e varrebbe la pena.
Nella notte la piazza ritorna deserta
e quest’uomo, che passa, non vede le case
tra le inutili luci, non leva più gli occhi :
sente solo il selciato, che han fatto altri uomini
dalle mani indurite, come sono le sue.
Non è giusto restare sulla piazza deserta.
Ci sarà certamente quella donna per strada
che, pregata, vorrebbe dar mano alla casa


Travailler fatigue

Traverser une rue pour s'enfuir de chez soi
Seul un enfant le fait, mais cet homme qui court
Les rues tout le jour, il n'est plus un enfant
Et il ne s'enfuit pas de chez lui

L'été il est
Des après-midi où jusqu'aux places sont vides, étendues
Sous le Soleil qui va amorcer son coucher, et cet homme, qui s'en vient
Par une avenue de plantes inutiles, s'arrête.
Cela vaut-il la peine d'être seul, pour être toujours plu seul ?
A seulement les parcourir, les places et les rues
Sont vides. Il faudrait arrêter une femme
Et lui parler et la convaincre de vivre à deux.
Sinon, on parle tout seul. C'est pour cela que parfois
Il se trouve un soulaud nocturne pour attaquer un discours
Et raconter les projets de toute une vie.

Ce n'est certes pas en attendant sur la place déserte
Que l'on rencontre quelqu'un, mais celui qui court les rues
S'arrête aussi de temps en temps. S'ils étaient deux,
Aussi à aller par les rues, le chez-soi serait
Où se trouve cette femme et cela vaudrait la peine.
La nuit la place redevient déserte
Et cet homme, qui passe, ne voit pas les maisons
Entre les lumières inutiles, il ne lève plus les yeux :
Il sent seulement le pavé que d'autres hommes ont placé
De leurs mains durcies, comme le sont les siennes.
Ce n'est pas juste de rester sur la place déserte.
Il y a certainement une femme dans la rue
Qui, si on l'en priait, accorderait le foyer.


A la traduction, brutale - celle de Poésie/Gallimard est peut-être mieux, mais inférieure à l'original en italien -, je me demande ce que veulent finalement dire les derniers vers... Au départ je pensais que ce devait être que quelque part, il y aurait une femme avec qui vivre, même pour cet homme. Mais, à la réflexion, et vus les thèmes de l'oeuvre et certaines autres poésies, je me demande s'il ne serait pas question ici d'une prostipute...

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