dimanche 9 décembre 2007

Caro blog


Un autre intérêt du blog, c'est de pouvoir infliger ses goûts à tous ceux qui y passent, et de présenter ceux-ci comme absolus, que vous devriez avoir honte de pas encore connaître. Je vous concède que ça passe mieux avec des chanteurs à la mode qu'avec des films d'auteurs, mais vous n'échapperez pas pour autant à mon prosélytisme pour Caro Diario, un film de Nanni Moretti, cinéaste italien que j'aime beaucoup pour le ton de ses films, même si à tort peut-être je me méfie des deux derniers et je ne les ai pas vus.
Caro diario c'est un film que j'ai dû découvrir vers la fin du collège (relativement) tard le soir alors que sur les chaînes cinéma du câble je cherchais... autre chose o^_^o Il est rare que jeune on reste scotché à un film d'auteur, a fortiori s'il faut entrer dedans pour en saisir l'ambiance. Ca ne m'a pas empêché de regarder ce film en entier ( moins le début donc), en me démenant pour trouver un morceau de cassette où le garder ( sa mort fut un drame, le DVD ça existait pas encore ! argh : je suis vieux !). Ma mémoire est incertaine ( comme le chantait Mort Schuman), mais il me semble qu'une cassette fut aussi impliqué pour enregistrer le pendant de ce film : Aprile ; une cassette et Fuvi, enfant privilégié qui avait Canal Plus ^_^ ( ça nous amène au lycée donc).
Mais retournons à nos journaux. Ce film faisant, dès l'époque, écho à une partie de mon caractère ( l'humour tronçonne-sans-rire hérité de mes ancêtres gaulois s'il en fut -et les digressions dans les remarques sur les à-côtés des thèmes du sujet), j'y ai pompiré plein de choses, que je vais maintenant vous présenter en accompagnement de quelques extraits trouvés sur google destinés à vous donner envie de voir le film ( résister à la pulsion de mettre tous les extraits fut terriblement difficile).
Ledit film se présente comme un journal intime mis en scène du réalisateur, avec 3 grandes parties, chacune axée sur un thème : les ballades en Vespa du cinéaste dans Rome, un voyage dans les îles italiennes, et les épreuves médicales endurées par notre Ulysse du cancer. Si j'ai résisté à mettre tous les extraits possibles, il me sera plus dur de ne pas parler longuement de chacune de ces parties, alors aujourd'hui je vais me focaliser sur la première.
Première partie donc où alternent réflexions pince-sans-rire du réalisateur et travelling rêveurs montrant des tranches des quartiers de Rome ( dieu que cette expression est bizarre !).
Un passage où l'auteur de ce blog se retrouve est par exemple le suivant ( savourez Leonard Cohen en accompagnement) :


Vers 00:30
[je vous rassure, il existe une VF, et VOSTF de ce film ;-) ]
- Tu sais à quoi je pensais ? A une chose triste. Moi, même dans une société plus décente que celle-ci, je me retrouverai quand même parmi une minorité. Mais pas comme dans ces films où un homme et une femme s'engueulent et se déchirent uniquement parce que le cinéaste ne croit pas en l'homme. Je crois en l'homme, mais pas en la majorité. Je me trouverai toujours bien avec une minorité...
- Génial, salut !

On retrouve une scène de ce genre dans chacun de ses films, où le personnage qu'il joue commence toujours à partir dans une réflexion dans laquelle les autres ne le suivent pas, ou dont ils ne tiennent pas compte. Bien qu'il n'y ait a priori pas d'autre rapport que les bizarres associations d'idées auxquelles l'auteur de ce blog se laisse aller, ce genre de scène est comme une inversion de ces anecdotes sur les Sceptiques et les Cyniques tirées de Diogène Laërce où là, ce n'est pas la majorité qui coupe court à la minorité mais l'inverse. Ainsi de Pyrrhon traversant l'Alphée à la nage pour se débarrasser de disciples l'ayant importuné de leurs questions, ou d'Antisthène se demandant quelle sottise il aurait fait pour que des méchants ( au sens ancien, pas celui de Nicky Larson !) le louent.

Une autre illustration de l'humour du cinéaste peut se trouver dans cette scène :



Encore une fois l'auteur de se blog s'y retrouve, lui qui supporte difficilement la prose des journaux, Le Canard Enchaîné excepté ( finalement cette note est quand même assez forte dans son genre : il est donc possible de pousser le narcissisme jusqu'à parler de soi alors qu'on impose ses propres goûts à autrui...). A noter que je n'ai pas encore vu Henry, mais il faudra que cela se produise, j'ai déjà vu tellement de bouses...
A ce stade, l'auteur réalise que l'extrait précité n'est qu'en VO. Alors explication de la scène : le cinéaste erre des heures dans la ville, cherchant à se souvenir quel critique avait du bien du film. Après le plan sur la Piazza del Popolo ( place romaine assez fascinante, puis qu'on y trouve un amusant effet de symétrie architecturale), il finit par retrouver la critique, et la recopie dans son journal. Vous avez déjà dû lire une critique d'un film, vous vous imaginerez le genre. Quand il a fini, il se demande si le soir, au moment de s'endormir, le critique éprouve des remords pour ce qu'il a écrit. La fin de l'extrait voit Moretti torturer ledit critique en lui lisant des extraits de sa prose. XD ( si vous voulez bien vous imaginer les choses, je vise au hasard bien sûr, prenez des critiques ciné de Télérama ! ).

Petit intermède avant de vous caser une scène contemplative. A cause de ce film, le perpétreur de ce blog a cherché à voir et vu le film ricain Flashdance. Un film... sur la danse, avec autour un peu d'histoire d'amour sur fond de 80's ( mes yeux saignent) pour fournir un prétexte à en faire un film. Vous connaissez sûrement la chanson What a feeling ; ben ça vient de là ! Par pur esprit de contradiction, je vous propose un extrait pas connu ;-p ( c'est à dire pas comme la scène finale).



Dans Caro diario, l'auteur dit qu'il a été marqué par ce film. Avouant qu'il adore la danse, il déplore le fait qu'il ne sache absolument pas danser et ne puisse donc être que spectateur. L'auteur de ce blog, lui, est solidaire ( il n'est même pas certain qu'il saurait pogoter ^_^, ). Tout ce qu je vous raconte ( à l'exception de ma propre ignorance de toute danse ;-) se trouve dans l'extrait suivant, avec une musique entraînante sur laquelle le cinéaste pousse à leur paroxysme ( je nie tout clin d'oeil otakuiste !) ses capacités dansantes :



Et pour conclure cette note ( afin que vous couriez vous acheter le DVD, le mien je le garde ;-p je vous propose une des séquences du film invitant à la rêverie. Celle où l'auteur se rend sur les lieux de la mort du cinéaste Pasolini ( je ne vais quand même pas devoir vous le présenter !?!). Sur fond de Keith Jarrett, c'est ici que je l'ai découvert lui et son Köln Concert ; tout l'album est une sublime improvisation au piano.
A l'instar du cinéaste sur sa Vespa, l'auteur de ce blog aspirerait à errer dans les rues et les paysages, simplement pour savourer l'ambiance de ceux-ci. Mais par une cruelle ironie du sort, il adore aussi marcher, et il marche vite. Et les lieux de sa déambulation sont déjà derrière lui qu'il ne se soit arrêté. Et si jamais malgré tout il s'arrête, le conscience de l'inéluctable fuite du temps le rattrape, et alors il stresse fort et au lieu de carpere le diem, il doit se remettre à courir, ou à défaut à pompirer, pauvre Shadok sur le Grand Rouleau. Peut-être un jour se produira-t-il quelque miracle ?

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