jeudi 27 décembre 2007

De arte amavi


L'origine de cette note se trouve dans un des cadeaux intellectuellement avouables reçus par votre serviteur pour son Noël, asçavoir une édition bilingue latin-italien de l'Ars amavi de ce cher Ovide ^_^ Le censeur ne l'avait peut-être pas prévu ( ou avait bien voulu ne pas le prévoir ;-) : certains passages à l'apparence innocente avaient fait l'objet d'une étude éclairée dans mon cours de latin quand j'étais en 3e. Ce ne fut d'ailleurs pas le cas de L'Âne d'or d'Apulée, aussi étudié en 3e, dont je découvris bien plus tard à ma grande surprise et à ma plus grande encore joie la version complète ! ^0^ Je vous rassure tout de suite, braves militants de Familles de France, rien de bien cochon ( quoique, pour vous...) dans L'Art d'aimer, ce n'est pas le Satyricon, mais... un peu de coquinerie ^_^ Mon latin étant si tristement rouillé ( et les agapes de fin d'année laissant peu de temps à l'étude salvatrice de ses restes), je vous proposerai une traduction de l'italien traduisant le latin T_T Le premier extrait sera un de ceux étudiés lors de ma 3e, en hommage... Il s'agit du LIvre I, vers 149 à 162 :

Utque fit, in gremium puluis si forte puellae
Deciderit, digitis excutiendus erit:
Etsi nullus erit puluis, tamen excute nullum:
Quaelibet officio causa sit apta tuo.
Pallia si terra nimium demissa iacebunt,
Collige, et inmunda sedulus effer humo;
Protinus, officii pretium, patiente puella
Contingent oculis crura uidenda tuis.
Respice praeterea, post uos quicumque sedebit,
Ne premat opposito mollia terga genu.
Parua leues capiunt animos: fuit utile multis
Puluinum facili composuisse manu.
Profuit et tenui uentos mouisse tabella,
Et caua sub tenerum scamna dedisse pedem.

Traduction : et si par hasard, comme cela arrive, se pose un grain de poussière sur la poitrine de la belle, cueille vite de tes doigts ce grain-là ; et s'il n'y a nul grain de poussière, ôte toujours ce rien-là [ finalement, je vais traduire un peu du latin à la volée ;-) ]. Montre-lui toujours comme tu es attentionné. Si le pan de sa robe traîne à terre, empresse-toi de te pencher pour le soulever, qu'il ne se salisse. Tu pourras alors en compensation jeter un oeil sur ses jambes sans qu'elle proteste. Veuille à ce qu'aucun spectateur assis derrière elle ne presse de ses genoux sur ses épaules [ enlace-la, mon coquinou !]. Un rien suffit pour conquérir ces esprits légers : ainsi il a profité à beaucoup de disposer d'une main agile un coussin sous elle [ pour son confort et lui toucher les... ], de lui prodiguer un peu de fraîcheur en l'éventant, ou de placer un tabouret sous ses pieds délicats [ car les gradins étaient hauts, et ça permet plein de petites privautés XD].

Haaa Ovide ! Quel maître de l'érotisme ! Il faut lire son histoire de Pygmalion dans Les Métamorphoses. Mon grand regret fut de ne pas passer sur ce texte sublime à l'oral de latin du Bac T_T
Comme deuxième passage, je vous propose les vers finaux ( ou peu s'en faut) du LIvre II ( vers 741 à 744) et pour être égalitaire comme l'auteur originel entre les deux sexes, les vers 809 à 812 du Livre III, délivrant aux femmes un enseignement de l'art d'aimer pour elles. Ces histoires de trophées me font imaginer de façon terrible quelque Apollon ou quelque Vénus sur un monticule de corps de femmes ou d'hommes énamouré(e)s, gémissant d'adoration pour leur vainqueur ;-p

Arma dedi uobis: dederat Vulcanus Achilli;
Vincite muneribus, uicit ut ille, datis.
Sed quicumque meo superarit Amazona ferro,
Inscribat spoliis : Naso magister erat.

Traduction : Je vous ai donné des armes ; comme Vulcain en donna à Achille. Vainquez avec les miennes comme lui-même vainquit. Et que tout amant qui aura triomphé d'une Amazone au moyen de mon glaive inscrive sur ses trophées : «Ovide fut mon maître.»

Lusus habet finem: cygnis descendere tempus,
Duxerunt collo qui iuga nostra suo.
Ut quondam iuuenes, ita nunc, mea turba, puellae
Inscribant spoliis : Naso magister erat.

Traduction : J'ai terminé mon badinage ; il est temps de dételler les deux cygnes blancs qui tirèrent mon char [ le char de Vénus était tiré par deux cygnes blancs, chose que vous pouvez constater le Vendredi sur l'horloge astronomique de la Cathédrale de Strasbourg -oui c'est de la pub éhontée !]. Et vous, jeunes femmes, mes élèves, faites comme les jeunes gens, et inscrivez sur vos trophées : «Ovide fut mon maître.»

En guise de conclusion de cette note, je vous signale ici l'existence d'un juste combat mené en la lointaine Suède ! ;-p ( et j'aime bien l'illustration de l'article ;-p


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