samedi 17 novembre 2007

Au hasard, en rasant, les murs du cimetière (Gainsbourg)


Aujourd'hui donc, après avoir fort donné dans l'otakuisme, il est temps de rétablir l'équilibre avec l'autre objectif de ce blog : parler de la joie de vivre. Alors parlons un peu de la mort. Ceux qui me connaissent savent que j'aime à me ballader dans les cimetières «romantiques» ( ce qui au jour d'aujourd'hui veut essentiellement dire les parisiens ^_^, ), l'ambiance y est particulière ( qui a dit «de mort» ?!!), sereine et tranquille, et la statuaire troublante et attirante.

Des cimetières de Paris, j'ai vu, à tout seigneur tout honneur, le Père Lachaise, le cimetière Montparnasse, les catacombes, le cimetière de Montmartre et un autre tout petit cimetière, lui aussi situé sur la butte, et qui n'ouvre que deux jours par an : à la Toussaint et le jour d'une fête des jardins ( semble-t-il). J'ai visité ce dernier dans des circonstances adaptées, sous la pluie fine d'un jour de Toussaint, avec se découpant derrière les murs du cimetière le carmin et l'ocre d'une vigne vierge à l'Automne. Dans ce cimetière «logent» les paroissiens de l'église attenante à celui-ci. Le cimetière est laissé à son évolution naturelle ( i.e on ne remplace pas les vieilles pierres tombales par du moderne clinquant), et il n'accepte plus de nouveau pensionnaire sauf autorisation spéciale ( il y en a eu une début 2000 si je ne m'abuse). La tombe des meuniers de Montmartre se trouve ici. A la lecture des biographies des défunts, il semble que Napo aie pas mal contribué au peuplement du coin ;-)

Mais aujourd'hui, c'est de deux tombes du cimetière de Montmartre que je vais surtout vous parler. Comme hélas mes photos ne sont pas avec moi en le lieu où je m'adonne en ce moment au plus égocentrique des bloguismes, je vous propose en lieu et place de celles-ci un lien vers un autre blog où vous verrez des images des tombes des deux personnes qui vont m'intéresser ( et vous aussi, puisque, dieu sait pourquoi, vous êtes là). Admirez donc les photos prises ici: http://myparisforyou.canalblog.com/archives/2006/11/01/index.html et notez le fait amusant qu'un pont passe au-dessus du cimetière, en plein milieu de celui-ci.

Commençons par la tombe du peintre Jean-Baptiste Greuze ( 1725-1805). Mourant ruiné, ses dernières paroles sont, d'après mon dictionnaire de celles-ci ( mes lectures aussi sont empreintes de joie de vivre) : «Adieu Barthélémy, je t'attends à mon enterrement, tu seras tout seul, va, comme le chien du pauvre.» Malgré cela, sa tombe contient un élément rafraîchissant en l'épitaphe qu'elle comporte et que voici :

Rival de la nature, orgueil de notre France,
il garda toujours pur l'honneur de ses pinceaux,
il peignit la vertu, l'amitié, l'innocence,
et son âme respire à travers ses tableaux

Or les tableaux de Greuze que je connais sont plutôt du style de celui-ci :


ou de celui que vous pourrez voir ici : http://www.insecula.com/oeuvre/photo_ME0000099546.html . Ou là: http://www.insecula.com/oeuvre/photo_ME0000029073.html , à propos de laquelle oeuvre Diderot aurait dit, le coquin : «Qu'elle est belle ! qu'elle est intéressante ! Il ne me déplairait pas trop d'être la cause de cette peine.» La cruche fendue, les oeufs cassés, l'oiseau mort... Vous voyez maintenant le côté amusant de l'épitaphe? ;-p

La deuxième tombe dont je veux vous parler est celle de Heinrich Heine. Le meilleur poète allemand ! C'est cruel pour les düsseldorfois ( on dit comme ça ? ^_^, ) -ville dont il est issu- et les allemands qu'il soit si loin, mais quel honneur pour notre sol que d'avoir accueilli la dépouille de ce génie ( il est mort à Paris, ceci explique cela). Et puis ce fut plus facile pour moi d'aller le voir comme ça ;-) Un autre jour je vous parlerai de son Buch der Lieder, il mérite bien une deuxième note à son sujet. Une de ses dernières paroles aurait été : «Dieu me pardonnera. C'est son métier.» ^_^ Sa tombe, surmonté d'un buste de lui, est ornée des vers d'un de ses poèmes, qu'on trouve généralement sous le titre «Wo?» ( mais je ne crois pas qu'il en aie en fait), tout empreint de romantisme, et dont je vous propose en conclusion de cette note une traduction personnelle en accompagnement du texte original.

Wo wird einst des Wandermüden
Letzte Ruhestätte sein?
Unter Palmen in dem Süden?
Unter Linden an dem Rhein?

Werd' ich wo in einer Wüste
Eingescharrt von fremder Hand
Oder ruh' ich an der Küste
Eines Meeres in dem Sand?

Immerhin, mich wird umgeben
Gottes Himmel dort wie hier,
Und als Totenlampen schweben
Nachts die Sterne über mir.


Où sera de celui fatigué du voyage
L'ultime lieu de repos?
Sous des palmiers au Sud?
Sous des tilleuls au bord du Rhin?

Serai-je en quelque lieu d'un désert
Enfoui par des mains étrangères
Ou bien reposerai-je sur la côte
D'une mer dans le sable?

Quoiqu'il en soit, je serai environné
Du ciel divin ici comme là-bas
Et pareilles à des lampes funéraires la nuit
Les étoiles flotteront au-dessus de moi.


Post-blogum : entre-filet de circonstance trouvé dans le Canard enchaîné de cette semaine: «Bon suaire, les petits ! - L'allemagne vient de lancer une chaîne de télé, Etos TV, première chaîne de télévision consacrée au deuil, avec informations pratiques sur les plus beaux cimetières du monde et les modalités d'inhumation. Son promoteur affirme que ce sera "l'équivalent d'Arte dans le domaine de la sépulture" ("Le Monde", 10/11). Espérons que ses programmes ne seront pas d'un ennui mortel !» Ma petite Arte chaîne de référence ! Mais est-ce positif ?... ^_^, Enfin, il faudra que je vous donne plus de nouvelles de cette chaîne après une petite exploration nétique ^_^

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