jeudi 8 novembre 2007

Parce que rien ne vaut une bonne bédé pour se détendre



Il a y encore trop de bonheur sur le web ! Alors après avoir hésité à ouvrir mon premier vrai fil sur un délire otakuiste, je préfère vous présenter mon dernier achat en matière de manhwa. Si vous vous intéressez un peu au sujet de celui-ci, ça vous plombera un peu la soirée et mon post n'aura pas été vain.

En fait, il est très rare que je satisfasse ma fièvre consumériste d'occidental engraissé dans du manhwa. Je trouve ça moche ( ou alors c'est que les choix éditoriaux faits en cette matière dans notre «beau» — j'espère que les guillemets vous choquent — pays sont catastrophiques) comme dessins, et les histoires me paraissent souvent pompirées sur le voisin nippon ( ou chiantes, c'est pire !). En fait, à part l'achat dont je vais vous parler, la seule notable exception à mon boycott de la production coréenne est les manhwas de Kim Dong Hwa. J'aurai bien un jour l'occasion de vous en reparler, d'autant que j'ai quand même quelques critiques à leur sujet que je ne manquerai pas de vous exposer; un plaisir sans amertume aucune jurerait dans notre culture judéo-chrétienne empreinte du sceau du péché ( oui, le but de ce post est de me faire le plus grand nombre d'ennemis dans le plus petit intervalle de temps possible). Oh et («envie d'aller au bouuut ») puis je ne résiste pas à vous en donner d'ores et déjà un avant-goût: «la femme est une fleur» c'est sympa un moment ( généralement quand on fait, pourquoi pas souvent, un rêve étrange et pénétrant), mais après, ça broute ( et Dyonisos apaisé, Apollon pointe le bout de son nez).



Mais revenons à nos moutons! Bêê bêê ( je devais la faire un jour !). Le manhwa que je m'a acheté est, des fois que pour cause de modem archaïque vous ayez coupé l'affichage des images sur votre navigateur, Femmes de réconfort - Esclaves sexuelles de l'armée japonaise par Jung Kyung-a. Il ne s'agit pas là du script d'un film de Canal Plus un Samedi nuit ou du synopsis du prochain ouvrage de Roman Slocombe, mais de l'histoire et des histoires de ces femmes d'Asie contraintes à servir ( au sens le plus littéral) dans les bordels militaires de l'armée impériale japonaise, à partir grosso modo de 1932.

Ah que voilà un sujet guilleret pour un manhwa! Pourtant celui-ci réussit sans sombrer dans la gaudriole à être synthétique sans être austère ( que celui qui a dit dommage sorte ! c'est pas pour aujourd'hui ça !). Il comporte quatre parties. La première raconte à partir des différentes sources sur son témoignage l'histoire d'une hollandaise qui fut contrainte à devenir femme de réconfort. Quand on est d'une ignorance historique crasse comme moi ( à part sur des questions ayant trait au pornikon télos de Solon), ça surprend. La quatrième partie est elle consacrée à une ancienne femme de réconfort coréenne suivie le temps d'un voyage par l'auteur ( je ne réussirai jamais à mettre de e !).

Le coeur de l'ouvrage, ce sont les deux chapitres centraux, qui décrivent la genèse des bordels militaires japonais, les raisons ( avancées et réelles) de leur constitution, leurs méthodes de remplissages ( pour dire les choses crûment), et leur mode de fonctionnement. Le tout ponctué de quelques exemples de destins personnels, et raconté à travers les aventures d'Aso Tetsuo, médecin-gynécologue militaire.

Disons-le tout de suite, le style de dessin est souvent assez simple, mais non laid ( alleluia !), mais il faut aussi dire... qu'il y a surtout du texte! L'ouvrage est en effet émaillé d'extraits de documents d'époque, de documents historiques actuels, et de précisions historiques.



Une des grandes qualités de ce manhwa réside pour moi dans son ton. D'une part, il me semble éviter l'esprit revanchard vis-à-vis des japonais. Il se contente d'énoncer les faits de l'époque, la réponse actuelle du Japon aux demandes de reconnaissance et d'excuses, et cela sans donner de grandes leçons ou poser la Corée, la communauté internationale ( ahah!) ou que sais-je en parangon de vertu. Il y a même une certaine mise en perspective, avec des mentions du traitement actuel de la question du viol en Corée, ou les «services» offerts aux troupes d'occupation américaines au Japon à la fin de la guerre. J'aime assez sur ce genre de question que les choses soient très analytiques sur l'énoncé des faits; mais aussi je suis un monstre froid...

D'autre part, le manhwa réussit en dépit de la gravité du sujet à faire preuve d'un certain humour dans les intermèdes narratifs. Il y a les clins d'oeil graphiques ( au Cri par exemple; oui, de l'humour mais ça reste un sujet sérieux ;-) , des petites scènes comme celle avec l'autochtone javanais sous forme de vieux squelette revendiquant sa préemption sur l'hollandais colonial, ou les délires ponce-pilatiques d'Aso.


En guise de conclusion, ce manhwa est un peu cher, mais il vous culturera et allègera un peu votre karma, bien mal en point après l'acquisition de tous ces Naruto ( ne niez pas ! je le sais je le sens !).

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